Oser la reconversion et l’upskilling dans l’IT : témoignages de pros

FORMATION

Dans le secteur de l’IT, 10 000 diplômés1 manquent chaque année car ils ne sont pas formés aux métiers du numérique. Face à cette pénurie qui ne se dément pas, quels rôles peuvent jouer l’upskilling ou le reskilling lorsqu’ils sont pris en main par les entreprises de la tech ? Témoignages de pros. 

e-guide gratuit

Téléchargez le guide pour recruter les talents les plus sollicités du marché du travail !

Ce guide complet vous donne toutes les clés pour attirer, recruter et fidéliser les talents de l’IT. Découvrez des astuces et outils clés en main pour recruter dès demain.

Je télécharge le guide

« Des compétences transversales acquises au cours de la vie pro peuvent être suffisantes pour se reskiller dans les métiers de l’IT sans pour autant avoir de compétences pures IT »

Karine Grundstein, La Société Générale

Karine Grundstein est Product Manager au sein de la STU Academy de la Société Générale. L’objectif de cette académie créée il y a 2 ans ? Mutualiser l’offre de formation de la filière SI de la Société Générale et rationaliser ses coûts.

Le rôle de l’entreprise dans les parcours d’upskilling

« Au sein du groupe, beaucoup de DSI disposent de leur propre Académie de formation visant à adresser les besoins de formations contextualisés à leurs périmètres respectifs. La STU Academy adresse des formations mutualisées à l’ensemble de la filière SI de la Société Générale sur plusieurs domaines d’expertises : 

  • data
  • cybersécurité 
  • dev informatique
  • infrastructure et le cloud
  • RSE pour l’IT
  • agilité
  • management de projets et processus »

Le rôle du Project Manager est de faire vivre et d’enrichir le portefeuille de formations proposées aux collaborateurs sur une des expertises mentionnées ci dessus : « mon périmètre concerne le dev IT et l’infra cloud. Je m’appuie notamment sur les experts métiers des DSI : nous identifions les besoins en matière de formation pour la filière SI et les formations afférentes les plus pertinentes. Il peut s’agir de modules unitaires ou de parcours de formation. (Dispensés par des organismes externes, des plateformes d’e-learning ou en interne) ». Avec un socle pédagogique fort, l’entreprise peut ainsi être motrice dans l’upskilling des collaborateurs. 

Le reskilling : quelle est sa place en entreprise et à qui s’adresse-t-il ? 

S’il n’est pas la solution à toutes les pénuries de recrutement, le reskilling représente un levier complémentaire à activer dans les moments où les entreprises recrutent moins ou peu. « Il y a plusieurs façons d’envisager le reskilling : soit dans le cas d’un changement de métier qui nécessite une formation solide pour être en capacité d’exercer ; soit dans le cas une mobilité où l’upskilling ne suffit pas. En effet, lorsque l’on parle de reskilling, les programmes de formation sont un peu plus lourds en termes de richesse de contenus et de durée. Le reskilling est aussi utile lorsque l’on a du mal à recruter sur des niches d’expertise et que l’on souhaite activer le levier de la mobilité interne. Dès lors, ce levier permet de proposer aux collaborateurs des places sur des domaines en tension. ». Avec, à la clé, plus de fidélisation pour les talents : la probabilité de rétention des collaborateurs avec un changement de poste en interne est de 57 %, contre seulement 34 % sans changement de poste. 2

À qui s’adressent les parcours de reconversion ? « Il est possible de reskiller des collaborateurs qui ne sont pas à proprement parler issus de l’IT. Je pense à des profils qui travaillent déjà sur de la gestion de projets, dans des métiers avec des compétences transférables. On peut par exemple avoir d’anciens business analysts qui se reskillent en scrum masters. Il n’y a pas forcément besoin de compétences purement IT pour se reskiller : des compétences transversales acquises au cours de la vie pro peuvent être suffisantes pour se reskiller dans les métiers de l’IT sans pour autant avoir de compétences pures IT. Lorsque l’on veut apprendre un langage de programmation en revanche, l’expérience a montré qu’il vaut mieux avoir un vernis ou du moins une vraie dose d’implication et d’énergie.  ».

« Sur tous les champs d’application de l’ingénierie traditionnelle, on doit maintenant inclure du digital. En 2020 et 2021, nous avons reskillé près de 500 de nos ingénieurs sur ces métiers. »

Élodie Tremouilhac, Akkodis

Cet avis est partagé par Élodie Tremouilhac chez Akkodis : « on l’a vu quand on a déployé le reskilling, sur un parcours de 4 mois, il faut quand même avoir une base. Il y a des prérequis : a minima un intérêt fort pour ces sujets et avoir développé une petite pratique ».

À l’origine responsable Formations pour Akka Technologies, Élodie Tremouilhac exerce à présent la même mission au sein de l’ESN Akkodis (issue de la fusion d’Akka et de Modis). Le service formation, intégré à la DRH France, suit le parcours de près de 9 000 collaborateurs. 

Reskilling et contexte sanitaire

L’ESN a su tirer parti du contexte sanitaire pour encourager les reconversions : « sur tous les champs d’application de l’ingénierie traditionnelle, on doit maintenant inclure du digital. En 2020 et 2021, nous avons reskillé près de 500 de nos ingénieurs sur ces métiers. C’était lié à un contexte spécifique, où nous avons proposé à nos consultants de se former via des parcours de 4 mois suivis, quand cela a été possible, par des périodes de mise en application pratique. ». Après cet élan, l’enjeu est à présent d’adapter le contenu de ces parcours pour les pérenniser : « aujourd’hui, nous avons toujours en tête le reskilling mais nous devons revoir notre format ». La problématique étant, pour beaucoup d’entreprises, de trouver l’équilibre entre un parcours de reskilling long et des dispositifs de reconversions plus courts, moins approfondis mais qui permettent de gérer les urgences. 

Le reskilling, un recrutement augmenté

Les entreprises de la tech ont compris que la reconversion faisait partie intégrante du parcours de carrière et se saisissent du sujet grâce à la question des formations : « nous associons nos partenaires internes et externes pour impulser une culture apprenante. L’enjeu est de développer la connaissance des collaborateurs sur la formation et les parcours métiers existants dans le cadre des career path. ». Une culture apprenante qui, chez Akkodis, se déploie autour de trois piliers : curriculum, communauté et carrière. 3

Mais si le reskilling peut accompagner des parcours de mobilité interne, il peut aussi aller plus loin : « l’Akkodis Academy, en France, fait du recrutement augmenté. Nous recrutons des collaborateurs et les formons avec de la POEI4 et de l’alternance. Nous proposons cette offre pour accompagner nos clients en manque de compétences sur certaines technologies ou métiers. ». En plus de fidéliser leurs équipes grâce au reskilling, les entreprises peuvent aussi trouver de nouveaux talents en dehors de leurs rangs !


Sources

1 https://numeum.fr/sites/default/files/Documents/NUMEUM_-_Chiffres_et_datas_2021_def.pdf (retour au texte)
2 https://business.linkedin.com/fr-fr/talent-solutions/global-talent-trends (retour au texte)
3 https://www.akkodis.com/en/careers/academy (retour au texte)
4 Préparation Opérationnelle à l’Emploi Individuelle (retour au texte)